La situation dans le Sud-Revermont

Avertissement: cet article ne prend pas encore en compte le dernier projet Gevingey / Cesancey

Trois communes voisines (ou presque) sont concernées : Cesancey, Vincelles, Orbagna.
Cesancey = 500 habitants
Vincelles – Val Sonnette = 900 habitants
Orbagna = 100 habitants
(Chiffres indicatifs, en ordre de grandeur.)

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Le projet concerne 3 communes situées à 5m/s (vent mesuré à 100 m de haut au sommet du mât) alors que le seuil de rentabilité était fixé, en 2011, à 5,2 m/s (zone jaune)

Première surprise : les trois communes, d’après la carte des vents fournie par la région Franche-Comté (2011) sont situées dans la zone « orange », c’est-à-dire en limite de rentabilité pour une éolienne. Sachant que la zone « jaune » est jugée acceptable, et la zone verte (comme à Chamole) meilleure. De toute façon, comme le dit la région elle-même, « à l’échelle nationale, la Franche-Comté apparaît comme une des régions les plus faiblement ventées ». Dixit ce même document : « le critère indicatif de rentabilité des projets communément admis par les professionnels de l’éolien se situe, quant à lui, aux environs de 5,2 m/s [zone jaune sur la carte]. »
D’ailleurs, dans son projet, le promoteur le reconnaît à mi-mots : il a balisé le secteur de deux zones, celui où le vent souffle à 4,9m/s, et celui où il atteint 5,4m/s. Pas vraiment de quoi crier au « gisement » de premier ordre !

Conclusion : le parc éolien de Cesancey ne brillera jamais par son exceptionnel rendement en électricité, et dans 20 ans, si j’étais exploitant, entre continuer à entretenir Chamole et garder Cesancey, je choisis quoi ?

Le projet

Esthétiquement parlant, il ne brillera pas par sa discrétion. Normal : avec si peu de vent, il semble logique de surdimensionner les éoliennes pour qu’elles aient de la puissance. Enfin, ce n’est peut-être pas ça la vraie raison, mais toujours est-il que les machines prévues seront grandes, très grandes, Chamole (tout récemment équipé) passant la barre des 180 mètres de haut. Cesancey itou, plus c’est grand, plus c’est puissant, plus c’est productif, plus c’est… bruyant ?

Toujours est-il que le profil ci-dessous permet d’apprécier la dimension des éoliennes:

  • La première ligne de crête Nord Sud (qui relie Gevingey à St Laurent) est en dessous du sommet des 3 mats.
  • Même la deuxième ligne de crête Nord Sud (qui relie Montorient au point de vue de la Vuarde) est dépassé par les pales.
  • Il faudra chercher jusqu’à la troisième ligne de crête Nord Sud (à l’ouest de Bornay 561m ou d’Arthenas 578 m) pour dépasser l’altitude des pales !

La madone de Saint Laurent la Roche (518 m d’altitude) profitera évidemment de ce joyeux ballet. Qu’elle ne compte pas sur la nuit pour abréger son tournis : De ravissants clignotants rouges illumineront sa méditation.

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Quant aux sites retenus, nous n’avons que celui de Cesancey.

Le carré vert indique le terrain potentiel.

Le terrain le mieux placé serait le coteau entre Cesancey et Vincelles, et donc tout le côté du village de Cesancey situé sous l’antenne SFR serait « arrosé » par 3 éoliennes. Sachant qu’une éolienne d’aujourd’hui, d’une puissance nominale de 3 MW, en vaut presque deux d’il y a quinze ans.
Arrosé de quoi ? Les experts disent que les pales des éoliennes, toujours plus grandes, déplacent toujours plus d’air, et que cela fait du bruit, et que cela émet aussi de basses fréquences inaudibles mais perturbatrices à la longue. Nous avons visionné un excellent film dans lequel une dame raconte : « quand il y a beaucoup de vent, dans mon thé le matin, ça fait des ronds concentriques. »

Elle décrit aussi le bruit lancinant des pales. Voilà, c’est peut-être une anecdote, c’est peut-être un souci sanitaire que de se dire qu’un flux d’ondes pareilles traverse bois, murs et maisons ?
Quand nous en saurons plus, nous baliserons la carte ci-dessous.

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Un investisseur : la CNR, Compagnie Nationale du Rhône.

Oui, le fleuve. « Producteur historique d’hydroélectricité sur le Rhône, CNR a fait le choix stratégique de se diversifier dans les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque) ».
« CNR a mis en service ses premiers parcs éoliens, en 2006, à Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône), puis Beaucaire (Gard). Aujourd’hui CNR dispose de 42 parcs éoliens. Ils totalisent une puissance installée de 520 MW », dit le dossier de presse de la CNR.
CNR se développe par la construction, mais aussi l’achat de parcs éoliens déjà construits, comme ce dernier, le parc éolien de Domart-en-Ponthieu (80). Ce 40ème parc, composé de 6 éoliennes de 2 MW chacune, a été mis en service fin novembre 2017.

L’éolien, c’est donc un grand Monopoly, où se vendent et se revendent les parcs – tant qu’ils sont tout neufs, et bénéficiaires du rachat pendant 15 ans de l’électricité produite par Enedis, au prix fort (2 à 2,5 fois le prix de l’électricité).

On n’a pas trouvé de transaction, sur le net, de vieux parcs. Mais évidemment, les parcs historiques ont été construits dans les zones ventées, donc rentables. Visiblement, quand ils atteignent la limite d’âge, on démonte les éoliennes pour les remplacer (voir le post facebook ici) par d’autres plus grandes et plus puissantes. C’est seulement depuis quelques années que sont colonisés des secteurs peu ventés comme le nôtre, et c’est dans 15 ans qu’ils vont poser un sérieux problème de ratio coût d’entretien / MW fourni.

Il semblerait que CNR avance à marche forcée : en septembre 2016, la société fêtait ses 400 MW produits; un an et demi plus tard, elle en est à 520 MW, et elle ambitionne, pour 2020, les 1000 MW installés (éolien +solaire).

Pour rassurer les gens, la CNR met volontiers en avant son statut d’entreprise au capital majoritairement public. Oui, enfin bon, ça se joue à 0,3% de voix près, sachant que ENGIE en possède 49,97% et est donc actionnaire majoritaire.
Deuxième actionnaire, la Caisse des dépôts détient donc 33,2 % du capital. Les collectivités locales (régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que les départements des Bouches-du-Rhône et de la Haute-Savoie) en totalisent 16,83 %.
Les bénéfices sont répartis entre ENGIE (anciennement GDF SUEZ) , la Caisse des Dépôts et les collectivités territoriales.

Un commentaire

  1. Ce qui est délirant c’est d’imaginer une seconde que des éoliennes placées si près du pied d’un relief auront un rendement acceptable. Le régime d’écoulement de l’air à cet endroit ne peut être que catastrophique avec des remous dans toutes les directions à cause de la proximité du relief qui est loin d’être régulier.
    Manifestement, seul le rendement en subventions est pris en compte

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